Thèse de doctorat d'Ousmane Zoungrana


Photo ousmane

 

"De « Bancoville » à la Construction postmatérialiste : Etude Socio-anthropologique des conditions de popularisation de la Brique en Terre Comprimée (BTC) à Ouagadougou (Burkina Faso)"

 

Le lundi 20 décembre à 10h

 

Cette thèse analyse, dans une logique socio-anthropologique, la problématique des résistances locales de la diffusion de la Brique en Terre Comprimée (BTC) dans la ville de Ouagadougou. D’abord, la thèse montre que les premiers freins de la diffusion de la BTC sont enchâssés dans la conduite et la mise en œuvre des politiques publiques réalisées dans le secteur. Ce bilan mitigé de l’action publique de valorisation a débouché néanmoins sur des stratégies individualistes et privées de construction en BTC dans le long terme. Ensuite, la thèse souligne que ces stratégies individuelles de construction dans sa forme contemporaine est l’apanage d’une élite urbaine dotée de capitaux économiques et culturels élevés. Pour ces élites, le choix de la BTC repose sur quatre formes de justifications interconnectées : (i) une justification d’ordre technique basée sur un raisonnement écologiste, (ii) une culture de distinction sociale ; (iii) une justification identitaire, (iv) une justification basée sur des valeurs postmatérialistes en lien avec les enjeux globaux des objectifs du développement durable. De plus, ce travail permet de mettre en évidence que quatre formes de registres de représentations sociales cohabitent dans le secteur de la BTC à Ouagadougou dont la plus partagée au plan endogène est celle du « parpaing du pauvre ». Mais, le paradoxe réside dans le fait qu’elle soit adoptée par une élite urbaine qui a plutôt une vision positive du matériau.

Enfin, l’analyse du fonctionnement de l’arène post-politique publique de la BTC révèle que l’offre de production demeure privée. Il se caractérise par une stratégie de production par opportunité qui s’adresse à un segment de marché de « niche » bien spécifique de demandeurs dont les préférences sont orientées vers des constructions bioclimatiques. En termes de construction, un mètre carré de mur en BTC est moins cher (9897 FCFA) que le mur en parpaing (16000 FCFA). Durant l’usage, le bâtiment construit avec un mur en BTC offre moins d’heures d’inconfort thermique (20% de moins) qu’un bâtiment construit en mur de parpaing. Il permet également d’économiser sur la consommation d’électricité (10%) si on utilise un climatiseur pour maintenir la température à 28 °C. Toutefois, ce retour sur investissement en matière de consommation d’énergie est relatif, car nous sommes en présence d’un prototype de société où les sensibilités écologistes dans la construction ne sont pas assez ancrées dans la culture domestique des ménages. Du reste, au regard des freins énoncés plus haut et des nouvelles formes de justification, la thèse montre qu’une des pistes de reconquête de la BTC passerait par la diffusion d’une pensée écologiste dans la société burkinabè.

Présentée par Ousmane ZOUNGRANA, Doctorant au LEMHaD  2iE

 

English version:                                                                                          

This thesis analyses, from a socio-anthropological perspective, the problem of local resistance to the diffusion of compressed earth bricks (CEB) in the city of Ouagadougou. Firstly, the thesis shows that the main obstacles to the diffusion of CEB are embedded in the conduct and implementation of public policies in the sector. This mixed record of public action for valorization of local materials has nevertheless led to individualistic and private strategies for building using CEB in the long term. Secondly, the thesis shows that these individual strategies of construction in its contemporary form is the prerogative of an urban elite with high economic and cultural capital. For these elites, the choice of CEB is based on four interconnected forms of justification: (i) a technical justification based on an ecological reasoning, (ii) a culture of social distinction; (iii) an identity-based justification, (iv) a justification based on post-materialist values related to the global issues of the sustainable development goals. Moreover, this thesis shows that four forms of social representation coexist in the CEB sector in Ouagadougou, the most shared endogenously being that of the "material for the poor". However, the paradox lies in the fact that the CEB is adopted by an urban elite that has a positive vision of the material. Finally, the analysis of the arena of the public post-policy of the CEB revealed that the supply of production remains private. It is characterized by a strategy of production by opportunity that addresses a very specific “niche market” segment of applicants whose preferences are oriented towards bioclimatic construction. In terms of construction, a square meter of CEB wall is less expensive (9897 FCFA) than that of hollow cement blocks (16000 FCFA). During the usage, the building built with CEB wall offers less hours of thermal discomfort (20% less) than a building built with hollow cement block wall. It also saves on electricity consumption (10%) if an air conditioner is used to maintain the temperature at 28 °C. However, this return on investment in terms of energy consumption is relative, with regards to the society where ecological reasoning in construction are not sufficiently rooted in the domestic culture of households. Moreover, in view of the obstacles mentioned above and the new forms of justification, the thesis shows that one of the ways of regaining the confidence in CEB would be through the dissemination of ecological reasoning in Burkinabè society.

Présentée par Ousmane ZOUNGRANA, Doctorant au LEMHaD  2iE

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